A 28 ans, adepte du zéro déchet, Justine Genty tourne le dos à l’enseignement pour ouvrir, à Lamballe, la première épicerie vrac. Egalement salon de thé, Sans Lamballage devrait accueillir ses premiers clients, courant février prochain, dans un espace de 110 m² situé en pleine zone industrielle en périphérie de Lamballe, dans les Côtes d’Armor. Sensibiliser les habitants à consommer moins et de préférence des produits locaux, tout en recréant du lien social c’est tout l’enjeu de ce nouveau projet.
Multi-diplômée en économie sociale et familiale sciences sociales (dont Master 2 « Enfance, Jeunesse : Politiques et accompagnement obtenu » à l’EHESP de Rennes), Justine Genty a commencé sa carrière en tant qu’enseignante titulaire au sein du lycée agricole de Quessoy : « Après quatre années d’exercice, à la rentrée 2019, j’ai réalisé que j’étais arrivée au bout de ce que je pouvais apporter aux élèves. J’avais besoin de créer quelque chose pour avancer. Issue d’une famille où les questions de gaspillage alimentaire ont toujours été présentes, j’ai entamé une démarche zéro déchet depuis quelques temps. Transmettre des gestes et des savoirs autour des questions environnementales ne me suffisait plus. Je voulais agir… voilà en résumé comment le projet a démarré », explique-t-elle. La jeune femme profite du confinement en 2020 pour adhérer au Réseau Vrac, se former à la règlementation en matière d’hygiène et de vente. Elle prend aussi ses premiers contacts avec des producteurs et fournisseurs spécialisés ainsi que les réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise, BGE, Armor initiative et la CCI des Côtes d’Armor.
« En septembre 2020, ne pouvant obtenir une rupture conventionnelle auprès de mon lycée, j’ai décidé de démissionner. Certes j’aurais pu prendre une disponibilité de trois ans, mais je sentais que cette option me bloquerait dans mon projet, dans l’obtention de certaines aides, voire le choix de mon statut ». Malgré les incertitudes sur les perspectives économiques, Justine Genty quitte donc définitivement son poste en décembre dernier, plus déterminée que jamais à ouvrir sa boutique Sans Lamballage. « Lorsque j’ai commencé ma démarche zéro déchet à Lamballe, j’ai constaté qu’il y avait peu de magasins qui proposaient des produits en vrac. J’étais souvent obligée de faire plusieurs commerces et d’aller au-delà de la ville pour compléter mon panier. C’est pour cette raison que j’ai choisi Lamballe ».
Dans la filière alimentaire, le vrac existe depuis longtemps en fruits et légumes, même si certains produits restent préemballés. Il en va de même pour les produits vendus à la coupe, tels que les fromages, la viande, etc. Mais le vrac aujourd’hui concerne désormais bien d’autres produits : céréales, boissons, épices, mais aussi l’hygiène et l’entretien. C’est le modèle retenu par la jeune créatrice. « Dans mon épicerie, on trouvera tout ce qu’on trouve habituellement dans ce type de commerce mais aussi des cosmétiques et des produits d’entretien. Je privilégie des produits sans emballage, locaux et français. Les clients trouveront des produits issus de l’agriculture biologique. Ils viendront avec leurs propres contenants mais ils pourront aussi en trouver sur place », poursuit la jeune créatrice. Sans Lamballage, c’est aussi un espace salon de thé où seront mis à disposition la presse locale, des livres sur le zéro déchet, cuisine, etc. « J’observe que de plus en plus de gens mangent le midi dans leur voiture. Je mettrai à leur disposition un micro-onde pour qu’ils puissent manger chaud tout en consommant une boisson au choix ». Enfin, l’un des objectifs du zéro déchet étant de transformer les matières premières, des animations et ateliers seront proposés afin d’apprendre à cuisinier, à fabriquer des cosmétiques et des produits d’entretien.
Pour mener à bien son projet, Justine Genty a investi 48 000 euros. « Je n’ai subi aucune réticence des banques et les prêts viennent tout juste d’être débloqués ». Les travaux pour aménager le local de 110 m² ont démarré. « La CCI m’aide à monter un dossier Pass Commerce et Artisanat en vue d’obtenir un financement auprès de la Région Bretagne (pouvant aller jusqu’à 7 500 euros) pour m’aider dans l’aménagement de mon épicerie ». Sans Lamballage devrait ouvrir ses portes courant février. « Je n’ai fixé aucune date officielle d’inauguration précise car je ne veux surtout pas me mettre la pression. Mon souhait est d’accueillir chacun dans les conditions optimales ! », conclut Justine Genty.